Glomel : 1 400 habitants. Imerys : 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le mastodonte de l’industrie minière pèse lourd dans cette petite commune des Côtes-d’Armor. La multinationale s’agrandit encore : elle vient d’obtenir l’autorisation d’ouvrir une nouvelle fosse, un quatrième immense cratère, à creuser sur 80 mètres de profondeur pour extraire de l’andalousite, un matériau résistant aux hautes températures utilisé, entre autres, dans les fours industriels.
Le feu vert des autorités est intervenu, sans surprise, dans le cadre du renouveau minier souhaité par le gouvernement. Ce dossier, dont les intérêts vont bien au-delà du périmètre breton, est scruté de près : par Imerys et par ses opposants.
La multinationale, quant à elle, cache ses impacts réels sous des formules ambiguës, parlant de bon état biologique, là où la pollution est chimique. Déclarant même n’avoir aucun impact. Splann ! a voulu en avoir le cœur net et a réalisé ses propres analyses qui prouvent le contraire. Dans le lit de la rivière, les concentrations en métaux lourds atteignent jusqu’à 60 fois la valeur guide.
Des habitants tentent de se mobiliser, mais leur marge de manœuvre est serrée. Imerys est inséparable de la commune de Glomel. Employeur incontournable, la multinationale finance les associations sportives, comme environnementales, structure même le territoire.
Imerys déploie ainsi toute une palette d’efforts pour être perçue comme une entreprise familiale, fleuron de l’activité minière made in France. En réalité, il s’agit d’un empire financier détenu par des actionnaires à la tête d’une fortune de plusieurs millions d’euros.
L’opposition s’accroît et devient de plus en plus visible. Le 23 novembre 2024, une manifestation contre l’ouverture de la nouvelle fosse de la mine de Glomel a eu lieu. Imerys scrute ce type de d’évènements avec attention.
Une mobilisation réussie pourrait avoir des conséquences sur le projet de méga-mine de lithium dans l’Allier portée par Imerys. Mais aussi sur l’ensemble de la relance minière française. Notamment en Bretagne, perçue comme une terra incognita par certains investisseurs étrangers.
Breizh Ressources a ainsi déposé trois permis d’exploration sur 42 communes bretonnes en quête de métaux rares et précieux. Une démarche lancée en toute discrétion par une start-up aux origines canadiennes pilotée par un véritable chercheur d’or.